La chasse au petit est un exercice difficile. Il faut savoir :
– prendre la décision avant de faire son écart,
– comment faire la meilleure chasse,
– arrêter une chasse inopportune,
– prévoir la stratégie d’après chasse.
Il existe bien sûr les chasses au petit de circonstance (si celui-ci n’arrive pas à se sauver naturellement ou bien lorsque les défenseurs n’ont pas trouvé la bonne stratégie de défense). C’est pourquoi tout au long de la partie, il ne faut jamais perdre de vue cet objectif. En effet, il arrive parfois qu’une distribution étonnante empêche le petit de se sauver (même coupe et même longue que le preneur par exemple). Dans ce cas, la chasse au petit est un exercice d’équilibriste : faire tomber les atouts qui protègent le petit pour ensuite récolter celui-ci.
La plupart du temps, la chasse au petit se décide une fois que le preneur a vu le chien. Il est des chasses au petit qui, bien que victorieuse, ont abouti finalement à perdre plus de points que ce qu’a rapporté le petit.
Bref rappel : Si le preneur a deux bouts ou zéro , le petit chassé vaut 10 points ( 5 pour sa valeur et 5 de contrat à 36 au lieu de 41 ou à 51 au lieu de 56). Si le preneur n’a qu’un bout, le petit vaut alors 15 points (la différence de contrat étant de 51 à 41). Le rapport entre le gain et le risque de s’affaiblir n’est plus le même !
Evaluer ses chances
Une méthode simple pour déterminer ses chances de voir aboutir une chasse est la suivante : déterminez le nombre d’atouts en défense (21 - vos atouts). N’oubliez pas d’en rajouter un si vous n’avez pas l’excuse. Divisez ce nombre (arrondi au plus proche) par trois pour connaître la moyenne en défense.
proche de 100 %
Si vous avez plus d’atouts maîtres que cette moyenne, c’est-à-dire une séquence de type 21-20-19-18-17, vous pouvez alors tenter de jouer d’entrée cette séquence. Jouez la de préférence dans un désordre calculé : 21 puis 19 puis 20 puis 17 puis 18 qui pourrait vous faire gagner un tour. Ainsi, vous perturberez la défense. Le propriétaire du petit sur le tour de 19 et du 17 se demandera s’il doit espérer la surcoupe du 20 ou du 18. S’il ne lui reste que deux ou trois atouts, il tentera de mettre le petit et vous aurez gardé un atout maître. Inutile de tenter cette feinte en jouant le 20 avant le 21, vous ne tromperez pas le propriétaire du petit sur votre nombre de bouts ! Ne commencez pas avec le 17, le propriétaire du petit ne s’y trompera pas (ou alors, faites-le lors de votre dixième chasse au petit avec les mêmes joueurs) et vous aurez dévoilé la moitié de votre jeu à la défense !
Dernier avantage de cette méthode du désordre, la valeur de la mémoire ! En effet, à votre prochaine chasse, si vous possédez 21-19-18-17... Que fera le détenteur du petit sur le 19 ? Croira-t-il que vous jouez le 19 avant le 20 ou jouera-t-il le petit dans l’espoir que le 20 vienne ramasser le pli ?
proche de 80 %
Si votre séquence est plus petite ou égale à la moyenne, il vous faudra jouer un tour petit atout pour diminuer la moyenne en défense voire deux tours (mais dans ce dernier cas, vos chances descendront sous les 50 % si le petit n’est pas immédiatement à votre droite).
proche de 50 %
Si votre séquence est incomplète (il vous manque un atout maître pour avoir une séquence : par exemple, 21 20 18 17), il vous faudra jouer un petit atout pour faire tomber l’atout maître qui vous manque. Dans ce cas, la position du petit est primordiale : placé derrière le gros atout de la défense, il sera toujours sauvé (sauf répartition bizarre, voir ci-dessous ) .
Placé devant le gros atout de la défense, il vous faudra jouer petit atout juste ce qu’il faut : un coup de trop et le petit se sauve parce que son propriétaire ne peut plus monter à l’atout, un coup de moins et la défense aura la possibilité de jouer atout maître pour le sauver. Déterminer le juste milieu est difficile : il faut déterminer où sont le petit et l’atout majeur manquant, surveiller les hauteurs d’atout de ces deux joueurs pour " deviner " le moment de leur vulnérabilité (l’atout majeur devenu trop court ou le petit dans cette situation). Par exemple, si vous possédez la séquence " 21,20,18,17,15,...excuse " et que le propriétaire supposé de l’atout majeur lâche le 14. Vous savez qu’il lui reste au mieux 19 et 16 qui tomberont sur vos 21 et 20. De même, avec les mêmes cartes en main, si le propriétaire supposé du petit donne des signes d’épuisement (il joue en décroissant et lâche le 5 alors que vous avez déjà lancé 2 et 3), il est temps de lancer 21, 20.
Savoir terminer une chasse
On ne parlera pas de la fin d’une chasse lorsque le petit a été pris. Mais plutôt du cas où, après avoir lancer votre séquence d’atouts maîtres, vos constatez que le petit est encore en jeu et que la défense possède maintenant l’atout maître qui permettra de le sauver à coup sûr. Dans ce cas, ne perdez pas de temps à rejouer atout et offrir par la même occasion le petit sur un plateau aux défenseurs. Jouez alors une stratégie d’enfermement. Le seul cas où vous pouvez continuer à jouer atout c’est lorsque vous êtes sûr que le petit est dans la même main que l’atout maître (parce qu’il n’a pas cherché la protection de ses partenaires en signalant le petit).